Le repas de la nouvelle alliance

« Ceci est mon corps, ceci est mon sang »

La fête du saint-sacrement du corps et du sang du Christ nous indique que le pain et le vin de l'eucharistie sont le signe que Dieu fait alliance avec son peuple qui est son Eglise. Le peuple est invité à rendre grâce pour le don offert par le Christ au moment de la dernière Cène. Il s'agit d'un « don inouï puisque, sous les signes du pain et du vin consacrés, le Christ demeure avec nous, par-delà l'espace et le temps. Certes, ce don demande de notre part un acte réel de foi, mais cet acte prend appui sur la parole du Christ lui-même : ‘ceci est mon corps […] ceci est mon sang ». Ce pain et ce vin sont un pain brisé et un vin versé qui nous rappellent le sacrifice consenti par le Christ sur la croix. Ici le pain est « brisé en signe du corps frappé et crucifié » et le vin est « versé en signe du sang répandu pendant la Passion, jusqu'à ce que la mort s'ensuive. Mais pain eucharistié, rompu et partagé pour faire notre unité, avec Dieu et entre nous ; vin eucharistié, bu à la même coupe, pour nous lier dans l'unique Alliance, celle de Dieu avec son Peuple ».

Nous venons de le voir, en célébrant la Pâque avec ses disciples, Jésus parle de sa mort à venir et non d'une libération passée. Il s'agit, pour Jésus, d'ouvrir les disciples vers une liberté nouvelle grâce au « pain qui est rompu, déchiré, découpé en morceaux… une image de ce que va devenir le corps de Jésus. En mangeant le pain corps de Jésus, les disciples comprennent que la mort de Jésus est plus qu'une injustice… Jésus apporte une nouveauté, son sang est répandu pour une multitude… Je ne boirai plus du produit de la vigne : encore une fois Jésus annonce sa mort à venir ». Et celle-ci donne une solennité particulière à ce dernier repas qu'il inscrit dans l'attente du royaume, d'un nouveau temps où il prendra à nouveau le repas avec ses disciples. Jésus agissant en toute conscience ne se prive pas de dire les louanges de Dieu malgré l'évocation de sa mort. En nous laissant son corps à manger et son sang à boire, sous les dehors du pain et du vin, Jésus a voulu que nous gardions toujours la mémoire d'un si grand bienfait qui célèbre notre réconciliation avec Dieu.

Je termine en vous proposant ce qu'écrit saint Thomas d'Aquin au sujet de ce repas symbole. Il s'agit d'un « Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l'on ne nous propose plus, comme dans l'ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vraiment Dieu ? … Aucun sacrement ne produit des effets plus salutaires que celui-ci : il efface les péchés, accroît les vertus et comble l'âme surabondamment de tous les dons spirituels ! Il est offert dans l'Eglise pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n'est capable d'exprimer les délices de ce sacrement, puisqu'on y goûte la douceur spirituelle à sa source ; et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable que le Christ a montré dans sa passion. Il voulait que l'immensité de cet amour se grave plus profondément dans le cœur des fidèles ».

Aujourd'hui, en célébrant ce mémorial perpétuel de sa passion, nous renouvelons l'alliance, le pacte d'amour, pour notre vie et notre fidélité. Par nous, lorsque nous participons à l'eucharistie, le Christ continue de se faire connaître dans notre monde, d'établir une relation, de faire alliance.

Fulbert Mujike

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