De la rumeur à la rencontre

« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour »

La page d'évangile de ce dimanche met en œuvre les principaux éléments qui ont fondé la foi pascale des disciples du Christ. Il s'agit de l'initiative émanant de Jésus, de l'insuffisance du seul constat sensible et de l'expérience conjuguée du partage de la Parole et du repas.

Cet évangile proclame que c'est dans l'intégrité de son humanité que Jésus ressuscite et proclame également la nouvelle présence aux disciples. Ce qui ne semblait être qu'une rumeur devient réalité. Les disciples, confrontés à la vision du Crucifié ressuscité, n'en croient pas leurs yeux, sont saisis de frayeur et de crainte et restent incrédules. Bien que Jésus leur ait dit qu'il ressusciterait, rien ne pouvait les préparer au choc qui leur arrive. Les disciples ont vu Jésus mourir crucifié et en sont restés là. Ce n'est ni le témoignage de Marie Madeleine qui affirme avoir vu Jésus ni celui des disciples Pierre et Jean qui ont vu le tombeau vide ni encore celui des pèlerins d'Emmaüs qui pourraient les convaincre de la résurrection du Christ jusqu'au moment où Jésus leur apparaît tout d'un coup. Il leur souhaite la paix et se fait identifier en montrant les traces des clous dans ses mains et ses pieds, en mangeant devant eux un morceau de poisson grillé.

C'est un fait que Jésus est ressuscité et cette résurrection n'a rien à voir avec « juste revenir d'entre les morts » comme ça été le cas pour Lazare, la fille de Jaïre ou le fils de la veuve pour mourir encore. Jésus ne revit pas seulement, son corps a acquis des capacités hors du commun, il est désormais éternel. Voilà pourquoi « on ne le reconnaît pas nécessairement au premier coup d'œil ; il peut apparaître et disparaître à volonté ; il peut apparaître avec ou sans les signes de la crucifixion et des sévices qu'on lui a fait subir ; cependant ce n'est pas un pur esprit ou une simple apparition, car il peut manger et boire comme tout le monde. Bref, il n'est pas juste revenu d'entre les morts, il est entré dans une vie éternelle qui reste hors de notre compréhension du monde et de l'existence, du temps et de l'espace. »

La nouvelle de la résurrection n'est pas une petite nouvelle qui rassure, c'est une inquiétude malgré la matérialité de celle-ci. Jésus montre ses mains et ses pieds, il attire l'attention des disciples sur ses blessures, preuve que c'est bien le crucifié qui est ressuscité. En insistant sur la matérialité de la présence de Jésus, « l'évangile nous apprend que la résurrection n'est pas une hallucination collective, ni un phénomène purement spirituel, mais qu'elle est un au-delà de la mort qui concerne la personne tout entière. »

Comme présenter ses mains et ses pieds, partager un repas avec les disciples ne suffisent pas pour convaincre ceux-ci, Jésus insiste sur l'importance des Ecritures comme il l'a fait avec les pèlerins d'Emmaüs pour élargir et renouveler la compréhension de Dieu. Il leur ouvre l'intelligence pour comprendre les Ecritures. C'est vrai, Jésus avait annoncé ses souffrances, sa mort et son relèvement d'entre les morts. Son insistance sur ce fait « souligne que nous sommes au cœur de l'Evangile : Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité… L'Evangile n'est pas simplement une parole sur le Christ, c'est une parole sur le Christ et sur l'humain.

La mort et la résurrection du Christ ne sont pas de simples informations, elles nous appellent à un changement radical. Si nous prenons conscience que, pour nous, Christ a souffert et qu'il a vaincu la mort, cela change notre regard sur notre vie et notre mort. » Dans un autre évangile (Lc 12, 50), Jésus parle de sa mort comme d'un baptême, « maintenant qu'il est accompli, le changement radical peut être proclamé en son nom à toutes les nations.

Voilà le témoignage que nous devons porter : « la vie de l'évangile est une vie placée sous le signe du pardon. » Jésus a annoncé un évangile du changement radical pour le pardon des péchés et dont le fondement se trouve dans son ministère, ses paroles, ses guérisons, ses paraboles et ses actions. Nous que Jésus a préparé à devenir témoins, proclamons que la résurrection est plus qu'une rumeur, elle est un fait qui transforme complètement nos vies par ce changement radical auquel elle appelle chacune et chacun, une rencontre qui ne laisse personne indifférente. Prêcher la résurrection c'est annoncer à tous le plan et la volonté de Dieu. Il s'agit d'annoncer que Dieu nous aime, qu'il y a une vie éternelle, que l'existence a un sens et que nous pouvons choisir d'en profiter.

Fulbert Mujike

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