Manifestation de l'amour de Dieu
« Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé »
Week-end de laetare, il est bien celui de la réjouissance, d'une petite pause au cœur du carême. Est-il facile de se réjouir tant que l'ombre de la Croix est partout ? N'est-ce pas par cette Croix que nous vient la réjouissance ? C'est à Nicodème que s'adressent ces paroles de l'Evangile de Jean que nous venons d'entendre. Suivons ce texte : « Ces versets achèvent l'entretien de Jésus avec ce notable juif venu voir Jésus la nuit, entretien qui… porte sur le thème de la ‘nouvelle naissance'. Ici, ce Nicodème semble avoir disparu, et nous avons un exposé sur la mission du ‘Fils unique', donné par Dieu pour nous révéler son amour infini. Et cet exposé se déroule en trois temps. Il est d'abord argumenté à partir du symbole du ‘serpent d'airain' : une image connue du peuple juif. Dans le désert, le Peuple d'Israël récriminait contre Dieu et Moïse, et le Seigneur leur avait envoyé des serpents venimeux… Conscient du mal qu'il avait fait, le Peuple avait alors supplié Moïse, qui intercéda auprès du Seigneur. Alors Dieu avait demandé à Moïse de faire un serpent de bronze, et de le percher sur une hampe pour qu'il puisse être bien vu de tous. En cas de morsure de serpent, il suffisait de lever les yeux vers ce serpent pour être sauvé… Aujourd'hui pour nous, c'est vers le Christ en croix que nous devons lever les yeux : c'est lui qui nous sauve de nos péchés. L'exposé se poursuit alors sur ce Fils qui sauve tous les hommes. Il est le ‘Fils unique' donné par Dieu : ‘Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique'. Saint Jean, dans sa manière de dire, insiste sur cet amour qui va jusqu'au bout… Saint Jean montrera tout au long de son Evangile l'harmonie existant entre le Père et le Fils, dans leur amour pour les hommes. Le troisième et dernier moment de l'exposé porte sur le thème du ‘jugement'. Un mot à bien comprendre ! Car, dit Jésus, c'est la foi, notre foi qui nous sauve et qui nous juge : ‘Celui qui croit échappe au jugement'. C'est notre foi au Christ qui nous fait choisir, avec lui, la lumière et la vérité contre les ténèbres et le mensonge. Et c'est tout le travail de conversion auquel le Carême nous invite ». Voilà comment comprendre le mystère de la Croix du Christ. Et saint Paul nous l'explique dans l'épître aux Ephésiens en ciblant trois dimensions essentielles de la foi chrétienne : - c'est par grâce que nous sommes sauvés, - nous sommes sauvés parce que nous avons la foi, - la foi est un don de Dieu. Dire que tout est grâce, c'est dire que la vie nous a été donnée comme un cadeau. Aujourd'hui, Paul précise que si nous sommes sauvés un jour, ce sera encore par cadeau. Mais pour que ce cadeau parvienne jusqu'à nous, il est nécessaire que nous lui ouvrions notre cœur. Les dons de Dieu ont besoin de trouver en nous l'accueil, le désir. Dieu a besoin de notre confiance car il ne peut pas combler un cœur fermé. Cette ouverture de cœur, cet accueil nécessaire à Dieu s'appelle la foi. Elle consiste à faire confiance à la Parole, à la promesse de Dieu. Aujourd'hui la grande révélation nous est faite grâce à la Croix du Christ : Dieu nous aime et nous sommes appelés à communier à son regard d'amour sur les autres, à être son cœur et ses bras. En Jésus, Dieu donne tout ce qu'il a au profit de toute l'humanité, il ne retient rien pour lui ; il donne son Fils unique. C'est ce que révèle le verset fondateur de Jn 3, 16 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que quiconque met sa foi en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ». C'est parce qu'il est motivé par l'amour qu'en son Fils Dieu fait alliance avec l'humanité. Ne craignons donc pas de porter notre croix à la suite du Christ si elle vient à se présenter à nous, c'est par elle que nous vient la vie pleine.
Fulbert Mujike