Le signe du sanctuaire

A l'approche de la Pâque, Jésus monte à Jérusalem. Il se prépare à poser un acte symbolique fondateur de son ministère à travers la méditation du mystère de la Croix. Il s'agit de l'évocation du Calvaire qui va détruire « Jésus comme Temple de la présence de Dieu, ce Temple qui, par la Résurrection, sera relevé en trois jours ».

Jésus entretient le quiproquo, le malentendu comme quand il parle avec Nicodème de la nouvelle naissance ou de la rencontre avec la Samaritaine à propos de l'eau qui désaltère pour toujours. L'échange qui suit l'expulsion des marchands du temple en est vraiment un. Alors que Jésus parle du sanctuaire de son corps, annonce prophétiquement sa mort et sa résurrection trois jours plus tard pour le salut du monde, les Juifs eux raisonnent à propos du sanctuaire-édifice. Ce signe suprême du salut ne sera vraiment compris, même par les propres disciples du Christ, qu'à la lumière de la Résurrection grâce à l'Esprit Saint.

Le vrai sanctuaire, le vrai temple dont parle l'évangéliste, c'est le corps de Jésus, c'est la personne même du Christ. Texte d'une grande portée théologique, ici, la personne de Jésus reprend la place qu'occupait le temple dans l'organisation religieuse de son temps. Jésus n'accepte pas que l'on fasse de la maison de son Père une maison de trafic. Il dénonce la confusion entre religion et commerce et ne veut pas que les rites sacrificiels du temple deviennent une source de profits illicites. Les contemporains de Jésus et lui-même considèrent le temple comme relevant du domaine du sacré.

Mais pourquoi Jésus est incompris ? Jésus est incompris parce que par ses paroles et ses actes, il procède à une interprétation prophétique du sacré. Selon le double commandement de l'amour, seul Dieu et le prochain sont véritablement sacrés. C'est dans ce sens que Jésus nous replace devant le mystère de sa personne. Sa croix devient le signe distinctif des chrétiens, signe de victoire de la vie sur la mort pour qui connait le Christ. La croix de Jésus vient purifier, rectifier, rendre sens à ce qui était abîmé et déformé par les étroitesses de l'intelligence humaine. Plutôt que de demander un signe à Jésus, le disciple a intérêt à demander la conversion de son intelligence pour bien interpréter ceux qui sont déjà posés et passent souvent inaperçus.

Ayons un regard de foi sur tous ces signes posés par Jésus et nous comprendrons que, c'est nous, aujourd'hui, qui avons besoin d'être purifiés de tout ce qui nous éloigne de Dieu au quotidien. Nous comprenons que ce n'est pas l'expérience du signe ou du miracle qui va construire une foi solide, mais la fidélité quotidienne à sa Parole. Ainsi, « si Jésus connaît ce qui est au fond de mon cœur, je me dois d'être d'une lucidité parfaite pour être en vérité devant lui. Que je ne me mente pas à moi-même pour être en vérité devant Dieu, et que je cultive une foi qui ne repose pas sur des miracles, mais sur une fidélité à la Parole et sur une vie de disciple ». Voilà comment comprendre aujourd'hui le signe du sanctuaire. Pour terminer, confions au Seigneur tous ceux qui ne respectent pas les églises, les lieux de recueillement, de prière et de proximité avec lui.

Fulbert Mujike