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Bien qu'au début de sa vie publique, Jésus n'arrête pas d'étonner et de surprendre. Sa renommée se répand, tout le monde le cherche et la question sur son identité est posée, mais Jésus ne se gonfle pas la tête. Pendant que ceux qui le suivent s'interrogent sur son identité, Jésus répond non par des discours, mais par des actes qu'il pose. Ce sont ces signes particuliers qui pourront le dévoiler et permettre ainsi de l'identifier. Jésus enseigne en proclamant la Bonne Nouvelle, guérit des malades, chasse des esprits mauvais, il pose des signaux qui aideront à se faire une idée de ce qu'il est.

Si comme je l'ai dit dans la dernière méditation Jésus libère les personnes possédées par les esprits mauvais, aujourd'hui il livre le salut à domicile sans nécessité de monter à Jérusalem. En lui, « Dieu fait les premiers pas dans notre humanité, en commençant par la Galilée ». Le public auquel il s'adresse n'est pas le cercle des purs, les grands prêtres, les pharisiens ou les scribes, « mais l'écume de l'humanité. Les victimes des forces du mal, tourmentées par des esprits mauvais, la belle-mère de Simon-Pierre et toutes sortes de mal-portants. Il agit comme les urgentistes en situation de catastrophe ou de pandémie, mobilisés au service de tous ».

C'est un Jésus présenté au départ comme un hyperactif, il déborde d'action bienfaisantes plutôt que des discours de haut niveau intellectuel. Imprégné dans le quotidien des gens, il leur rend la santé chaque fois que cela est nécessaire, mais Jésus ne veut pas s'attarder sur ces faits car il considère que l'essentiel de sa mission est ailleurs. Si le succès qu'il engrange fait sa renommée, Jésus n'accepte pas que son programme lui soit dicté : « Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que là aussi je proclame le message ; car c'est pour cela que je suis sorti ». Ce verset traduit l'objectif de la mission de Jésus, il s'agit d'enseigner.

Pendant que tout le monde le cherche et l'attend à Capharnaüm pour y réaliser d'autres guérisons, Jésus refuse l'invitation tout en proposant de se rendre dans des bourgades voisines pour y proclamer le message. Après le succès du commencement de son ministère, Jésus se sachant menacée par cette tentation qui risque de l'handicaper dans l'accomplissement de sa mission, fait un retour au désert et prie pour se remémorer le sens de sa vocation. Disons que « pour Jésus, il serait tentant de multiplier les guérisons, mais au désert il a entendu que ce n'est pas pour cela qu'il a été envoyé, mais pour proclamer la bonne nouvelle du règne de Dieu ». On voit ici que ce que Jésus propose ce n'est pas avant tout ce que la foule attend, la proclamation de la Parole et la guérison semblent opposées. Ceux qui viennent près de Jésus, ses interlocuteurs, « se concentrent sur la guérison, alors que cette dernière n'est qu'un signe qui désigne la Parole.

Le dernier verset (Mc 1, 39) de l'évangile d'aujourd'hui indique que l'activité de Jésus se déploie dans deux directions à savoir : la proclamation du message et la libération. Ainsi, « en chassant les démons, Jésus réalise ce qu'il proclame. L'autorité de sa parole se réalise dans ses effets ».

Puisque proclamer l'Evangile est ce pour quoi Jésus est sorti, il est un devoir pour nous disciples du Christ d'être ses imitateurs. C'est ce que dit Paul dans la première lettre aux Corinthiens : « Frères, annoncer l'Evangile, ce n'est pas là pour moi un motif de fierté, c'est une nécessité qui s'impose à moi. Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile ! ». Il s'agit de s'approprier tous ces signes particuliers que les évangélistes ont inventoriés pour dresser le portrait vivant de Jésus, ces signes doivent devenir nôtres : prendre soin, relever, chasser le mal, proclamer la Bonne Nouvelle. Notre carte d'identité de chrétiens ne peut rester vide, elle doit porter la mention ‘imitateur du Christ' ».

Voilà comment, à la suite de Jésus, nous resterons concentrés sur l'essentiel, sur ce qui donne sens à notre vie de disciples après avoir vu l'Evangile de Marc déployer sous nos yeux la venue du règne de Dieu et ses bienfaits pour l'humanité. Proclamer, guérir, libérer et relever seront pour nous les maîtres-mots de la semaine.

Fulbert Mujike