Habiter sa parole
La scène de l'Evangile de Marc de ce dimanche souligne les deux aspects de la mission de Jésus : enseigner et libérer du mal.
Lorsqu'il enseigne, la prédication de Jésus est différente de celle des scribes. Jésus parle avec autorité, c'est-à-dire à partir du fond de son être, avec conviction. Si ce qu'il dit vient des profondeurs, Jésus n'a pas pour projet de créer une nouvelle religion, mais de proposer tout simplement une nouvelle compréhension de la religion. C'est ainsi qu'il habite sa parole et incarne lui-même ce qu'il enseigne. L'autorité avec laquelle Jésus enseigne est un des fruits de l'Esprit saint, celui-là même qu'il a reçu à son baptême. C'est pour cela qu'il est écrit qu'au moment de son baptême l'Esprit est descendu sur Jésus et c'est lui qui, dans la suite, donnera de l'autorité à la parole de l'Evangile. Retenons le donc : « une des marques de l'Esprit réside dans l'autorité de la Parole. L'Esprit est présent lorsqu'une parole prononcée devient pour celui qui l'écoute une parole de vie ».
Jésus est venu non seulement pour enseigner, mais aussi pour libérer du mal. Nous le voyons aujourd'hui dans l'interpellation de l'esprit impur. Au baptême Jésus reçoit l'Esprit et une voix survint : « Tu es mon Fils bien-aimé ». Ici c'est l'esprit impur qui partage avec l'Esprit de Dieu la connaissance de la personne de Jésus. Il lui dit : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » ! L'esprit impur veut prendre possession de ce qu'il n'a pas créé, de ce qui ne lui appartient pas et Jésus ne peut pas laisser-faire cela. Voilà pourquoi il rabroue l'esprit impur et ne veut aucunement « entrer en discussion avec le monde de la saleté… Tais-toi et sors de cet homme, Jésus sait que derrière l'esprit impur, il y a un humain qu'il faut sauver. S'il ne veut dialoguer avec l'esprit, il veut libérer l'homme possédé ». La scène de la libération de l'homme possédé laisse un souvenir dans la mémoire des participants au culte dans la synagogue, ils étaient ébahis de son enseignement, ils sont maintenant effrayés. Non seulement Jésus parle avec autorité, mais il commande même aux esprits impurs.
En touchant les cœurs et en libérant les opprimés, la question de l'origine de Jésus se pose : « Qu'est-ce donc un enseignement nouveau, et quelle autorité ! » La proximité du règne de Dieu étant proche, Jésus agit sous le signe de l'urgence. Le premier chapitre de Marc le montre bien : « Après le baptême de Jésus, aussitôt l'Esprit le chasse au désert (Mc 1, 10), lorsque Jésus a appelé les premiers pêcheurs, aussitôt les premiers laissèrent leurs filets et les seconds leur père Zébédée (Mc 1, 18-20). Avec la même soudaineté, la renommée de Jésus se répandit dans toute la Galilée ». Retenons le fait que par Jésus Christ, Dieu intervient pour sauver l'homme de tout mal, l'habiter et le faire grandir. Le Règne de Dieu étant arrivé, « aussitôt, ce Règne produit ses effets, que les évangiles de ces dimanches annoncent tour à tour, en commençant par une remise en ordre immédiate : les forces du mal, représentées par un esprit mauvais qui parle au pluriel, reconnaissent que leur temps est fini et que le Prince de la lumière vient les neutraliser ».
Aujourd'hui le Règne de Dieu n'est plus une promesse, mais une réalité. Jésus est la Parole de Dieu incarnée, il nous parle et nous instruit en nous mettant en relation avec Dieu. Il mérite que nous soyons attachés à lui sans partage.
Fulbert Mujike