La fécondité de l'Esprit Saint

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Clôturant la cinquantaine pascale, d'après les dispositions liturgiques, la Pentecôte célèbre à la fois le fait historique de l'effusion de l'Esprit Saint sur les apôtres à Jérusalem, le baptême de l'Eglise et son départ missionnaire. Au moment de la montée de Jésus au Ciel voici ce qu'il disait à ceux qui s'étaient réunis autour de lui : « … vous recevrez de la puissance quand l'Esprit Saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Les disciples de Jésus recevaient une mission à la fois locale, régionale et universelle : il s'agit de témoigner de lui en tous ces lieux pour qu'on le connaisse.

Connaître Jésus, c'est entrer dans une relation, une relation d'amour, une relation de vie. Et c'est bien ce que Jésus déclarait dans sa prière du dimanche dernier : « … Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, pour que le Fils te glorifie, et que, comme tu lui as donné le pouvoir sur tous, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. – Or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17, 1b-3). Puisque Jésus a accompli l'œuvre que le Père lui avait donnée à faire en manifestant son nom (en révélant qui est Dieu) aux hommes, aujourd'hui, c'est à nous qu'il revient de prendre la relève pour que son nom parvienne jusqu'aux extrémités de la terre. Comment s'y prendre ? Plutôt que de s'inquiéter sur le rétablissement du Royaume pour Israël, Jésus invite les disciples à accueillir le royaume en eux à travers l'Esprit Saint (voir Lc 24, 49). A la Pentecôte les disciples sont renvoyés à leurs responsabilités d'apôtres. Ils doivent pour cela abandonner les spéculations sur les temps pour devenir témoins. Ils sont invités à élargir leur regard, à annoncer l'Evangile jusqu'aux extrémités de la terre. Cet appel s'adresse tous les jours à tous ceux qui veulent être disciples. Jésus n'étant plus physiquement sur terre, il revient maintenant aux disciples d'être les témoins de son Evangile. Si à la Pentecôte l'Esprit Saint est donné à tous, c'est en vue du Royaume et pour l'humanité entière. Voici ce qu'écrivait le prophète Isaïe cité par l'évangéliste Luc : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, il m'a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers et le don de la vue aux aveugles, pour libérer les hommes maltraités, pour annoncer l'année où se manifestera la faveur du Seigneur » (Luc 4, 18-19). Le jour de la Pentecôte révèle, dans ce sens, la catholicité de l'Eglise ou son universalité. L'Esprit donné à la Pentecôte travaille contre le virus de Babel, il renverse les barrières, fait sortir de l'enlisement dans des habitudes, chasse la peur et ouvre à l'aventure et au risque de l'universel. L'Esprit Saint envoie dans la diversité des langues et des cultures pour réaliser l'unité du corps dans un même Esprit, la communion des différences dans l'unicité de la foi. Par lui, nous appartenons à la même famille ; par lui, nous prenons en mains le courage d'appeler Dieu par son nom de Père. Il est vrai : l'Esprit Saint, l'Esprit de Pentecôte nous rejoindra jusqu'au plus profond de nous-mêmes, faisons-lui bon accueil et écoutons-le nous inviter à bâtir l'unité et la paix en nous, entre nous et autour de nous. C'est en Dieu « que nous serons réunis, que nous ne serons qu'un, qu'une seule et même personne… ‘Aimer Dieu et son prochain' : pour que, ensemble, dans un seul et même amour, nous aimions et soyons aimés par Dieu et en Dieu… » (p. 340). L'Esprit nous est donné pour nous purifier de l'intérieur et nous donner la force de porter notre croix, de suivre Jésus dans sa Passion, de vivre notre Pâque avec lui. Ce n'est pas pour rien que Jésus encourage ses disciples : « Je vous ai parlé ainsi, afin qu'en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). En touchant dans la foi les plaies du Christ, nous recevons cet Esprit qui nous divinise, il est un feu dévorant et l'amour qui nous consume (voir p. 348). Connaître Dieu, c'est reconnaître nos limites et écouter le grand silence du monde. C'est se rendre à l'évidence et reconnaître que nous ne savons pas tout sur tout et que nous ne pouvons pas nous permettre tout. La crise en cours provoquée par le covid-19 ne cesse de nous montrer qu'il ne faut pas surévaluer notre intelligence, mais que nous avons à écouter la voix qui parle dans le silence de notre cœur. Cette voix nous rappelle simplement que nous ne sommes pas en tout maître de notre destin ni possesseur de la nature. Si tout est précaire en ce monde, seule la parole de Dieu rassure : « ta parole est vérité. De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ais envoyé dans le monde. Et pour eux, je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité » (Jn 17, 17b-19). A méditer donc pour notre régénération.

Viens Esprit Saint, viens féconder nos vies et fais que nos actes témoignent de celui en qui nous avons mis notre foi. Alors nous goûterons l'unité, la paix et la joie promises par Jésus.

Fulbert Mujike

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Illustration : Origami de Christophe (JCM)

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